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Jacques Le Goff, figure de proue de la Nouvelle Histoire et de l’École des Annales, s’est longtemps imposé comme l’un des grands noms de l’historiographie contemporaine. Ce courant, né dans les brumes matérialistes de l’entre-deux-guerres, a systématiquement cherché à évincer l’homme d’exception au profit des masses anonymes. Les rois, les saints, les héros ? Relégués au second plan, écrasés sous le poids des statistiques et des « structures ».
Et pourtant, Le Goff se risqua à ce qui pouvait sembler, pour lui, un contre-sens méthodologique : écrire la biographie d’un roi, et pas de n’importe lequel — Louis IX, modèle de sainteté et de royauté chrétienne.
L’entreprise fut saluée par ses pairs comme un « tour de force » : transformer la vie d’un souverain en outil au service de l’idéologie des Annales, celle d’une « histoire totale » qui prétend dépasser l’individu pour disséquer « toute une société ». En somme, faire de Saint Louis un simple prétexte pour parler des paysans, des marchands, des marginaux et des tensions économiques.
Ce tour de passe-passe révèle le cœur du projet de Le Goff : ramener la figure royale, loin de toute transcendance, au rang d’un produit de son temps. Louis IX n’est plus l’oint du Seigneur, reflet terrestre d’un ordre divin, mais le résultat des forces sociales qui le portent et le contraignent. Le roi n’incarne plus la France chrétienne et monarchique ; il devient un simple nœud de réseaux et de rapports de production.
Sous couvert de science froide et objective, cette lecture n’est rien d’autre qu’une reprise des schémas marxistes les plus éculés : la primauté des forces économiques sur les volontés individuelles, l’effacement des figures légitimes au profit des masses laborieuses, la déconstruction systématique de ce que le Moyen Âge avait de plus noble : la synthèse de l’épée et de la croix.
En réalité, cette manière d’écrire l’histoire masque mal une intention polémique : réduire la monarchie à un phénomène historique parmi d’autres, dépouillé de toute sacralité, et, ce faisant, disqualifier dans l’esprit du lecteur moderne tout modèle monarchique pour la société contemporaine. Le Goff ne fait pas l’histoire de Saint Louis pour l’honorer, mais pour mieux le dissoudre dans la grisaille des « structures ».
On comprend ici la connivence de cette entreprise avec les héritages idéologiques de la Révolution : Saint Louis est déconstruit comme furent brisées les statues des rois, les autels profanés, les chartes brûlées. Il s’agit, au fond, du même projet : effacer l’idée monarchique comme principe supérieur de l’ordre social, pour lui substituer le matérialisme plat des masses et des intérêts.
Pour nous, héritiers de la vraie France, celle des sacres et des cathédrales, la figure de Saint Louis ne saurait être réduite à un miroir des tensions sociales de son temps. Il demeure ce qu’aucun historien marxien ne pourra abolir : un roi chrétien, modèle pour les peuples et rempart contre la subversion.
L'émission "Storiavoce" a reçu Marie Dejoux, maître de conférences à Paris 1 Panthéon Sorbonne et spécialiste d'histoire médiévale, pour discuter de son ouvrage collectif "Saint-Louis après Le Goff : Ce que l’histoire avait encore à dire, avec Marie Dejoux", paru aux Presses Universitaires de Rennes. Ce livre, issu d'un colloque de 2020, propose une relecture du règne de Saint Louis et de son gouvernement, 25 ans après la publication de l'œuvre "magistrale" de Jacques Le Goff en 1996.
Le "Saint-Louis" de Jacques Le Goff a été un véritable événement scientifique et un livre très attendu par la communauté des chercheurs, fruit de quinze ans de travail et de mille pages. Le Goff, figure de proue de la Nouvelle Histoire et de l'École des Annales – un courant historiographique qui s'intéresse traditionnellement à l'histoire des "99% de la population", c'est-à-dire des paysans et des hommes du peuple, plutôt qu'aux figures monarchiques – a opéré un "tour de force" en s'emparant d'un roi pour en faire une biographie. Son objectif était de démontrer que, même à travers un individu aussi bien documenté que Louis IX, il était possible de faire apparaître toute une société et de réaliser une "histoire totale".
L'œuvre de Le Goff a complètement bousculé le genre biographique. Au lieu d'une narration chronologique traditionnelle de la naissance à la mort, il a adopté un plan dialectique : thèse (Saint-Louis a existé), antithèse (il n'a pas existé), et synthèse (que peut-on véritablement retenir de l'individu après analyse des biais documentaires)3. Son ambition était de retrouver "l'individu" derrière les modèles royaux et les vies hagiographiques (biographies écrites en vue de la canonisation). Il a ainsi déconstruit les différentes représentations de Saint-Louis produites par des institutions comme Saint-Denis, les Dominicains ou les Franciscains, chacune cherchant à l'assimiler à ses propres valeurs. L'impact historiographique a été tel qu'il y a eu un "avant Saint-Louis et un après Saint-Louis" pour le genre biographique, posant un "monument" qui peut paraître "paralysant" pour les historiens désireux de se lancer dans de nouvelles biographies.
Malgré l'ampleur de son travail, Le Goff s'est peu intéressé aux sources de gouvernement et à la pratique effective du pouvoir de Louis IX. Il a également écarté le culte de Saint-Louis après sa mort, se concentrant sur l'individu de son vivant. Cependant, Le Goff était conscient de ces lacunes et a lui-même cherché à les combler, par exemple en organisant des colloques sur la dimension méditerranéenne de Saint-Louis, reconnaissant que son rôle dans la géopolitique du Moyen-Orient avait été sous-exploré. En revanche, il n'a jamais souhaité retravailler les "sources officielles" du gouvernement, qu'il considérait comme trop liées à l'histoire positiviste et événementielle du XIXe siècle.
Le colloque "Saint-Louis après Le Goff" s'est précisément attelé à revisiter les sources que Le Goff avait délaissées, telles que les traités, les enquêtes royales ou les ordonnances. De nouvelles thèses, comme celles d'Amissi Pédicier du Rosas, Lim Tuttle, Pierre Forcadé, Vincent Martin et Marie Dejoux elle-même, ont pu faire du neuf avec ces documents. Ces sources n'avaient, pour certaines, pas été explorées depuis la fin du XIXe siècle, permettant ainsi l'application de nouvelles problématiques et de méthodes d'examen de la documentation.
Contrairement à une idée reçue, la publication du "Saint-Louis" de Jacques Le Goff n'a pas asséché la production académique sur Louis IX. Après un bref "amorti", la recherche a redémarré, et ce sont plutôt les commémorations de 2014, qui ont sollicité de nombreux chercheurs, qui ont temporairement "séché le vivier" et ralenti la production pendant quelques années. Marie Dejoux a recensé plus de 400 ouvrages et articles universitaires publiés sur Saint-Louis depuis 1996.
Le Goff a magistralement démontré que Louis IX était avant tout un "roi chrétien", et que sa préoccupation pour sa conscience et son salut influençait directement sa manière de gouverner. Les recherches de Marie Dejoux, notamment sur les enquêtes de réparation, approfondissent cette perspective.
Menées avant sa croisade et tout au long de son règne, les enquêtes de réparation visaient à recueillir les plaintes de sujets dont les biens avaient été pris par le roi ou ses officiers. En cas de preuve, la valeur monétaire des biens était restituée. Longtemps considérées comme de simples réformes administratives visant à contrôler l'action des officiers, Marie Dejoux a montré que ces enquêtes étaient en réalité intégrées dans la logique du départ en croisade. La restitution des "biens mal acquis" était devenue une nouvelle exigence ecclésiastique pour le salut de l'âme, fortement prônée par les ordres mendiants (Franciscains et Dominicains) qui entouraient le roi.
Ces enquêtes constituaient à la fois une "formidable opération de communication politique" – montrant une justice royale équitable accessible à tous – et une émanation directe de la spiritualité du roi, "obnubilé par son salut". L'Église a joué un rôle crucial en diffusant ce message lors des prêches dominicaux. Pour Louis IX, la séparation de l'Église et de l'État n'existait pas : le roi est indissolublement un roi et un chrétien. Il était au fait des débats théologiques de son temps, notamment sur la restitution des Maléablata (biens mal acquis sans destinataire identifiable), et appliquait directement ces principes à sa gouvernance.
Le concile de Latran IV (1215) avait imposé la confession annuelle, marquant une "révolution intellectuelle" avec l'importance de la conscience individuelle. Louis IX allait bien au-delà de cette exigence, se confessant presque quotidiennement, rêvant même d'avoir des confesseurs de jour et de nuit pour pouvoir se décharger à tout moment des péchés qui "grèveraient son âme". Cette introspection s'étendait à ses officiers, dont il exigeait la confession de leurs fautes, car leurs péchés engageaient également sa propre responsabilité royale. Cette attention à l'intention du pécheur (la culpa, la faute morale) a fait entrer la casuistique dans le système juridique, marquant une forme de "modernité" en lien avec les débats théologiques de son siècle.
Le règne de Louis IX fut un "laboratoire juridique" qui a posé des principes fondamentaux du droit, tels que la présomption d'innocence, la célérité de la justice, et le double degré de juridiction avec la possibilité d'appel.
Les enquêtes de réparation ont encouragé les sujets à recourir à la justice royale, favorisant ainsi le développement du Parlement de Paris. Initialement une cour réglant les litiges royaux, le Parlement a pris une importance croissante en autorisant les appels des décisions rendues par d'autres seigneurs. Cette procédure de l'appel a renforcé la souveraineté du roi, le terme même de "souveraineté" étant apparu sous Louis IX pour désigner la supériorité de sa cour de justice. Le succès du Parlement, qui est devenu une institution capable de fonctionner sans la présence constante du roi, est l'une des "premières pierres de la mise en place d'un état qu'on appellera moderne".
La notion médiévale de "réforme" visait à une "reformation", c'est-à-dire à retrouver une forme idéale et non à un progrès vers l'avenir. Louis IX est ainsi un roi "réformateur" qui, par exemple, a entrepris de moraliser son royaume en s'attaquant aux "ennemis" tels que les Juifs (notamment sur l'usure), les blasphémateurs et les usuriers. Cette "gouvernance rédemptrice" (redemptive governance, selon William Chester Jordan) a entraîné des innovations législatives, créant de nouvelles normes et exigences.
Après 1242, Louis IX a cessé de mener des guerres contre des princes chrétiens sur son propre sol, privilégiant la paix au sein du royaume. Il a même cédé des territoires au roi d'Angleterre en 1259 (traité de Paris) pour mettre fin à la "première guerre de Cent Ans". Cependant, la croisade était pour lui une entreprise militaire majeure et la "grande ambition de son règne", selon William Chester Jordan.
Bien qu'il ait eu une formation militaire et ait dirigé les opérations, les résultats de ses croisades furent "catastrophiques". Louis IX peinait à comprendre la géopolitique orientale, faisant des alliances sans saisir pleinement les dynamiques locales, persuadé de pouvoir convertir Mongoles et Musulmans. Son échec et sa captivité en Égypte (1250) l'ont ramené "totalement défait" en France en 1254, le poussant à prendre de nouvelles "résolutions institutionnelles" pour "remettre son royaume en état de grâce", convaincu que son échec était dû aux péchés du royaume.
Louis IX se sentait responsable du salut de ses sujets, voyant sa propre conscience "grevée par les péchés" qu'il aurait pu laisser se développer dans son royaume. Cette utopie du salut s'est également manifestée dans sa volonté de forcer les Juifs à abandonner l'usure pour se convertir à des professions manuelles, allant à l'encontre des réalités économiques de son temps où le crédit était essentiel à la société médiévale.
La démarche novatrice de Jacques Le Goff a eu un impact durable. Pierre Monnet, par exemple, a avoué sa dette envers Le Goff pour sa biographie de Charles IV, cherchant également à dépasser l'histoire individuelle pour faire une "histoire globale" ou "totale"2021. Cependant, Monnet, contrairement à Le Goff, a davantage intégré la dimension internationale, marquant ainsi une forme d'héritage qui est aussi dépassé et enrichi par de nouvelles perspectives.
Que nous apprend la sainteté de Saint Louis ? Elle nous apporte la preuve la plus éblouissante que lorsqu’un gouvernant est animé par l’intention de servir Dieu, plutôt que ses ambitions personnelles, les premiers bénéficiaires sont ses sujets. Louis XIV a fait construire le château de Versailles et François Ier le château de Chambord pour leur plus grande gloire valorisant ce que le génie humain pouvait faire de plus grandiose.
Je voulais vous remercier, pour vos vidéos et vos ouvrages. Vous avez permis une très ferme réconciliation entre notre Histoire Française, notre Culture et moi même qui en été totalement désintéressé. Plus qu'une réconciliation d'ailleurs, l'Histoire (recadrée délestée de toute idéologie Républicaine) est devenue une passion. Soit...ce n'est pas le plus important. Vous avez surtout contribué à ma profonde conversion vers la véritable Foi chrétienne et Catholiques. Soyez bénie. Cordialement.
Votre fichier audio de Saint Louis est vraiment très intéressant et passionnant. Les faits sont bien relatés et c'est très plaisant à écouter
Grâce à vos publications je me suis forgé une culture et une maitrise de l'histoire que je n'aurais pas acquis avec l'éducation nationale.
Merci !
Mille mercis pour tout ce que vous faites, et lorsque le Lys reviendra en France, c’est-à-dire bientôt, vous pourrez être fier d’y avoir contribué
Et bien juste pour vous dire que vous faites un travail formidable, saint, j'ai même envie de dire. Je n'ai pour l'instant que deux livres de votre collection mais je compte bien en ajouter d'autres prochainement. Merci car je peux, grâce à vous, approfondir sérieusement mes connaissances avec des livres toutefois très accessibles.
Merci pour votre travail ! Il est précieux !
Merci pour tout, j'adore vos livres.
Merci pour ce travail magnifique qu'est de réhabiliter l'histoire de France
Je veux vous remercier particulièrement pour votre beau et admirable travail d'excellentes publications dont notre foyer bénéficie.
J'aimerais vous remercier, car grâce à vous, je redécouvre (et étudie) avec joie la beauté de l'Histoire de la France, la grandeur de la Fille Aînée de l'Église (qui je l'espère, retrouvera ses lettres de noblesse et sa Foi).
J'ai acheté plusieurs livres de Vox Gallia à la librairie Les Deux Cités à Nancy, et je n'ai pas regretté mes achats.
Continuez à faire de si beaux livres !
Je vous remercie pour votre travail et les ouvrages passionnants proposés
Merci pour votre travail de réédition, je viens de finir le péril cathare que j'ai beaucoup apprécié. Ces lectures me font découvrir à quel point nous avons une belle et grande histoire. Merci à vous.
Merci beaucoup pour votre travail. C'est toujours un plaisir de commander un livre de votre édition !
Des livres de qualité je recommande fortement pour les passionnés d'histoire de France
impeccable pour nos jeunes à qui l'éducation nationale supprime des pans entiers de notre histoire.
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