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Nous allons explorer la vie quotidienne, l'administration, l'économie, la société et la culture de Paris au XVIIe siècle sous le règne de Louis XIII.
Paris au XVIIe siècle était une ville d'une importance et d'une réputation considérables. Les étrangers ne tarissent pas d'éloges, la décrivant comme « la première ville de l’Europe », « l’étoile la plus éclatante qui soit ! » et « la merveille ! ». Un Allemand fervent déclare même : « Avoir vu les villes d’Italie, d’Allemagne et des autres pays, ce n’est rien, mais ce qui frappe c’est quand un homme peut dire qu’il a été à Paris ! ». Cependant, des esprits critiques la qualifieront de « courtisane honteuse et souillée ! ».
L'augmentation spectaculaire de la population au début du XVIIe siècle a nécessité une expansion urbaine significative. La superficie de la ville s'est accrue de près d'un tiers, avec des projets d'édification de nouvelles enceintes, de lotissements et de construction de quartiers entiers. Ces efforts, inspirés par Henri IV, visaient à embellir Paris par l'aménagement de places publiques, d'hôtels et d'ensembles architecturaux harmonieux. Henri IV avait déjà exprimé le souhait de ne plus voir de terres labourables, de prés ou de marais à l'intérieur de la ville, et de réguler l'architecture des ponts, îles et quais.
Sous Louis XIII, l'annexion des faubourgs est décidée, notamment Saint-Honoré, Montmartre et Villeneuve. L'enceinte de la rive droite est repoussée de près d'un kilomètre vers l'ouest dans la rue Saint-Honoré. Des projets d'urbanisme majeurs sont entrepris, comme la création des rues de l'Université, de Lille, de Verneuil et perpendiculairement, des Saints-Pères, de Beaune, du Bac, de Bellechasse, de Poitiers, sur des terrains mis en adjudication et vendus avec condition de bâtir. Un pont reliant le quartier des Tuileries est même envisagé. Un projet d'ampleur concerne l'Île Notre-Dame, où un certain Marie obtient la permission de construire un pont et d'aménager l'île avec des quais, des rues pavées, le tout en dix ans.
Cependant, cette croissance n'est pas sans préoccupations. Louis XIII tente, par un arrêt du 15 janvier 1638, de freiner l'accroissement de la ville en interdisant toute nouvelle construction au-delà de limites définies par 62 bornes de pierre. Les raisons invoquées sont multiples :
2. Le nettoyage des immondices deviendra impraticable.
3. L'augmentation indéfinie de la population provoquera la cherté de la vie.
4. La construction sur des terrains agricoles près des portes mènera à la disette de fruits et légumes.
5. L'attraction des ruraux dépeuplera les campagnes.
6. Une population trop nombreuse est plus difficile à gouverner, favorisant délits et crimes. Cet arrêt, cependant, ne semble pas avoir été appliqué.
Le sujet était vaste. Il fallait se borner. Laissant de côté ce qui concernait la Cour et le Louvre dont nous avons parlé ailleurs. Nous avons essayé de donner ici une idée un peu claire de ce qu'était Paris au temps de Louis XIII, le cadre de la ville, l'aspect de ses rues, l'existence des habitants.
Les rues de Paris sont caractérisées par un mélange de tradition et de nouvelles préoccupations esthétiques. Bien que pavées depuis des siècles, leur entretien est un sujet de discorde constant entre le Roi et les bourgeois, ces derniers refusant souvent d'assumer les coûts, obligeant le Roi à financer l'entretien par des taxes sur les vins. Des arrêtés de police, dès 1600, tentent de réguler les alignements des façades et l'extension des étalages des marchands, souvent sans grand succès. En 1639, une assemblée de boutiquiers de la rue de la Lanterne se plaint de l'encombrement qui contraint les piétons à marcher dans le ruisseau et les cavaliers à heurter les étalages. Des règlements sont alors établis pour limiter la saillie des auvents et des étalages.
La salubrité est un défi majeur. Les rues sont réputées pour leur saleté et leurs mauvaises odeurs, dues aux ruisseaux centraux recevant les eaux usées des maisons et surtout à la boue noire et corrosive, qui « brûle les étoffes des vêtements ». Montaigne déplorait déjà « l’âpre senteur de cette boue parisienne ». Malgré les tentatives de mettre en place des services de ramassage des boues et ordures, les habitants, notamment les nobles, refusent de payer les taxes afférentes, rendant l'entreprise inefficace.
Les rues sont également un théâtre d'innovations en matière de transport. Les fiacres, loués à l'heure ou à la demi-heure, apparaissent vers 1650, et les carrosses à cinq sous, ancêtres des transports en commun, dès 1662. Les chaises à porteur, inventées à la fin du XVIe siècle, connaissent un service public de location dès 1617, mais les tentatives de les monter sur deux roues (les "brouettes" ou "chaises roulantes") sont moquées et interdites par Louis XIII, avant d'être autorisées sous Louis XIV sous le nom de calèches. Les coches (carrosses de route) assurent des services réguliers vers les provinces, transportant jusqu'à quinze voyageurs pour deux sous par lieue, à jours et heures fixes.
L'animation des rues est constante. On y croise des marchands ambulants criant leurs marchandises (herbes, laitage, poissons, etc. – 136 espèces recensées), des charlatans sur le Pont-Neuf vendant des remèdes miracles, des arracheurs de dents, et des conteurs au « bagout et à la drôlerie de leurs boniments comiques ». Le Pont-Neuf est un lieu de spectacle populaire, où le « petit peuple y mène les enfants plus soigneusement qu’au sermon ». La circulation est également entravée par les nombreuses charrettes et carrioles, et par la présence de chevaux, souvent maltraités, d'où le dicton :
« Paris est le paradis des femmes, le purgatoire des hommes et l’enfer des chevaux ! ».
La Seine est une artère vitale pour Paris, mais sa navigation est soumise aux aléas des niveaux d'eau. Sans les barrages modernes, la rivière peut devenir très basse en été, faisant apparaître des bancs de sable, ou au contraire, connaître des crues dévastatrices en cas de pluies diluviennes. Les inondations sont une menace récurrente, comme celle de la Bièvre en 1625, qui submerge les maisons jusqu'au premier étage. Des mesures préventives, comme l'organisation par les maîtres des ponts de bateaux de secours, sont jugées « bien chétives ».
La vie sur la Seine est intense et réglementée. Des bateaux de diverses tailles transportent des marchandises lourdes et encombrantes, notamment le foin, dont la consommation annuelle à Paris est estimée à 4,5 millions de bottes. Les équipages des bateaux sont strictement définis. Des passeurs assurent les liaisons là où il n'y a pas de ponts. Le long des berges, on trouve des abreuvoirs pour les chevaux, des lavandières, et des pêcheurs organisés en deux communautés – à la ligne et aux engins – avec des monopoles et des redevances au Roi. Leur pêche est soumise à des restrictions sur certaines espèces, et ils peuvent vendre leurs poissons à la Grande Boucherie.
Paris offre une profusion de lieux pour se restaurer : « Les cuisines fument à toute heure... les tables des Français sont toujours abondantes. » On y trouve restaurants, gargotes, pâtisseries, offrant une grande variété de mets à toute heure. Il est possible, même à l'improviste, d'organiser un « repas princier » en une demi-heure, avec tout le luxe souhaité (vases, tapisseries, musique, comédie). Pour les Parisiens, « on peut acheter ou emprunter tout ce qu’on veut pour de l’argent, fait qu’on croit avoir le paradis sur terre à Paris ! »
Les rôtisseurs sont particulièrement nombreux, vendant des plats préparés, principalement de la viande rôtie, allant du bœuf aux oies (d'où leur ancien nom d'oyers). Leur corporation, très ancienne, est réglementée pour ne pas concurrencer les autres métiers de bouche.
Les taverniers et cabaretiers sont soumis à des règlements stricts, souvent ignorés : interdiction de servir des « domiciliés » de la ville (uniquement les étrangers), fermeture pendant les offices religieux, couvre-feu sonné par Notre-Dame. Il leur est également défendu de vendre de la viande pendant le carême, de tolérer les jeux de cartes, de jurer ou blasphémer, de mélanger les vins, ou de pratiquer des prix excessifs. Malgré cela, ils sont réputés pour s'enrichir, transformant le vin ordinaire en « or potable ». Ils sont si nombreux qu'ils « peupleraient une grande ville ! ». Les « privilégiés suivant la cour » constituent l'aristocratie du métier. Les autres sont reconnaissables à leur enseigne, un « bouchon » (touffe de branches), à l'origine du terme encore en usage. Des anecdotes illustrent l'ingéniosité des clients pour obtenir du vin de meilleure qualité, comme le stratagème de diluer le vin pour en réclamer un nouveau.
La bière, ou cervoise, est une boisson « commune parmi le peuple », dont la qualité fait débat et nécessite l'intervention de la police et de la Faculté de Médecine.
Les Halles sont le centre névralgique de l'approvisionnement parisien. Bien que les chiffres précis soient incertains, un voyageur étranger estime la consommation quotidienne à des quantités impressionnantes de bœufs, moutons, veaux, poulets, pigeons, blé et vin. Les Halles, dont le nom pluriel est resté, regroupaient des marchés spécialisés (poisson frais, poisson salé, blé) et des rues portant les noms des commerces (Fromagerie, Tonnellerie, Cordonnerie).
La concurrence et la spéculation sont des préoccupations majeures. Les autorités tentent de lutter contre les « regrattiers » (intermédiaires) et les « monopoles » pour éviter la hausse des prix et la disette. Les bateliers de la Seine, essentiels pour le transport des marchandises lourdes, sont également protégés par des édits royaux.
Les femmes de la Halle sont tristement célèbres pour leur langage fleuri et leur agressivité : « Nulle part, au dire des contemporains, on ne trouve pareille engeance, aussi provocante, agressive, prompte à l’insulte ». Une ordonnance de 1570 tente en vain d'interdire leurs injures et moqueries envers les clientes. Un dialogue burlesque entre une marchande et une cliente illustre la vivacité et la vulgarité des échanges.
Le pain forain, notamment celui de Gonesse, est très apprécié et fait une concurrence rude aux boulangers parisiens. Près de quatre cents charrettes de pain de Gonesse arrivent à Paris les jours de marché. Les boulangers parisiens obtiennent des régulations pour que les vendeurs de Gonesse ne puissent vendre leur pain que par eux-mêmes, leurs femmes ou leurs enfants, et non par des revendeurs.
Le vin consommé à Paris vient de régions plus lointaines, et le commerce du vin est l'apanage de riches bourgeois organisés en une communauté importante, bénéficiant même d'armoiries royales.
La municipalité de Paris est une « oligarchie bourgeoise magnifiquement organisée ». Le Prévôt des marchands et les échevins, élus le 16 août pour deux ans (les échevins étant réélus par groupes de deux tous les deux ans), incarnent cette administration. Les conseillers sont issus des rangs des maîtres des requêtes, des conseillers au Parlement et d'autres hautes fonctions judiciaires.
Ces magistrats apparaissent en public dans de somptueuses robes mi-parties de velours rouge et « tannées », avec des soutanes et ceintures rouges, des cordons et gants à franges d'or. On les appelle « Nos seigneurs », une « magistrature » qui forme également un tribunal, l'audience de l'échevinage, traitant des affaires maritimes, de marchandises sur les ports et de rentes de l'Hôtel de Ville. Le personnel municipal comprend des greffiers, receveurs, huissiers et un procureur du Roi qui surveille les intérêts de Sa Majesté.
Malgré leur apparat, les Parisiens ne se privent pas de critiquer leurs édiles, les accusant de corruption et d'enrichissement personnel. On raconte que le Prévôt recevait autrefois un simple pain de sucre comme seul bénéfice, mais qu'à présent, Prévôt, échevins et conseillers créent des fonctions lucratives pour percevoir des pots-de-vin, notamment sur la vérification des mesures des charbonniers ou des porteurs de foin. Un échevin pourrait ainsi générer « de cinq à six mille livres de rentes » par an. Cette recherche de postes lucratifs conduit à l'intrigue et à la corruption lors des élections, où l'on distribue de l'argent et des boissons.
La force publique municipale est distincte des troupes royales. Elle se compose principalement d'archers de la ville, au nombre de trois cents, recrutés parmi les habitants. Bien que leurs gages soient faibles (deux écus et demi par an), ils bénéficient de privilèges importants : exemption d'impôts, de péages, d'aides et de gabelle, ce qui rend leur recrutement attrayant.
La milice bourgeoise est une autre composante majeure de la sécurité. Chaque quartier (au nombre de seize) a un colonel, souvent un important magistrat, qui commande la milice. Leur rôle est d'armer les bourgeois en cas d'alarme, d'établir des corps de garde et de surveiller les portes de la ville. Cependant, l'efficacité de cette milice est limitée par le manque de ponctualité et d'obéissance des bourgeois, à moins d'un danger imminent. En cas d'émeute, les rues sont dotées de chaînes et les bourgeois dressent des barricades avec des pavés, barriques et meubles.
Le Châtelet est le siège de la justice et de la police parisiennes. Le Prévôt de Paris, dont le rôle est devenu principalement symbolique, est représenté par deux lieutenants : le lieutenant civil (affaires civiles) et le lieutenant criminel (affaires criminelles et policières). Ils sont assistés de trente-quatre conseillers au Châtelet, de nombreux huissiers (dont deux cent vingt « huissiers servant à cheval ») et de notaires (« notaires au Châtelet ») qui rédigent et conservent les contrats. Les avocats et procureurs, vêtus de robes, défendent les justiciables. Le tribunal du Prévôt de Paris est assimilé à un présidial.
Les audiences, bien qu'officielles, sont souvent animées et publiques. Des personnages pittoresques comme l'huissier Cornet, connu pour sa « trogne rouge » et sa fréquentation du cabaret, contribuent à l'ambiance. Les interrogatoires peuvent être surprenants, avec des prévenus refusant de répondre à des questions jugées hors de propos.
Les commissaires du Châtelet, au nombre de quarante à soixante selon les périodes (dont seize affectés à des postes fixes dans les quartiers), sont les collaborateurs essentiels de la police. Leurs missions sont variées : enquêtes, maintien de l'ordre public, résolution de disputes quotidiennes entre voisins ou ménages. Ils sont respectés et ont des privilèges (exemption d'impôts, dispense de logement des soldats).
Cependant, la corruption est un problème répandu. Les agents de police (archers, huissiers, sergents) sont accusés de s'enrichir en laissant courir les vagabonds ou les femmes de mauvaise vie contre paiement. Ils n'hésitent pas à arrêter des provinciaux crédules sous de faux prétextes pour leur extorquer de l'argent. Si la victime refuse de payer, elle est emprisonnée sans écrou, et les guichetiers peuvent la dépouiller de ses biens, l'obligeant à payer pour sa nourriture avec ses vêtements. Les associations caritatives qui visitent les prisonniers se voient présenter des notes de frais fictives.
Le vagabondage mendiant est une « véritable industrie ». Malgré l'absence de lépreux, des individus se font passer pour tels, exploitant les maladreries. La Cour des miracles, près de la porte Montmartre, est un repaire de faux estropiés et mutilés qui, le soir venu, abandonnent leurs béquilles et célèbrent avec la nourriture collectée, un spectacle de « miracles » ironiquement décrit. Les ordonnances de mars 1635, menaçant les vagabonds d'être envoyés aux galères, restent sans effet.
Les « dames d'amour » ou « filles de joie » sont omniprésentes à Paris, particulièrement dans certains quartiers. Des scènes scandaleuses sont fréquentes, menant parfois à des émeutes où les habitants attaquent les maisons closes, détruisant le mobilier et criant « coupez-leur le nez ! ». Ces « sauts de b… » sont ensuite l'occasion pour les filous de piller les lieux. Les ordonnances de police contre la prostitution, exigeant que les femmes « débauchées » soient rasées et bannies « sans autre forme de procès », n'ont que peu d'impact.
Les règlements du Châtelet sont d'une minutie extrême, allant jusqu'à interdire la circulation des porcs et moutons dans les rues, le port d'armes, les attroupements. Les bourgeois doivent fermer leurs portes à clé et au verrou après le couvre-feu, et le moindre bruit sur la voie publique est interdit.
L'accès à l'eau est un problème majeur. Paris ne dispose que d'une quinzaine de fontaines dans toute la ville. Louis XIII s'efforce d'améliorer l'approvisionnement en eau, notamment avec l'aqueduc de Rongis, qui fournit de l'eau au Louvre, aux Tuileries, aux fontaines publiques et à quelques hôtels de grands seigneurs ou couvents. La quantité d'eau reste insuffisante.
Le Palais de Justice n'est pas seulement un lieu de plaidoiries ; il abrite également deux cent vingt-quatre boutiques où l'on vend toutes sortes de « galanteries » : soies, velours, pierres précieuses, chapeaux, livres, tableaux. Ces boutiques sont de véritables « foires » où hommes et femmes se rencontrent pour socialiser et faire des emplettes. Les marchandes usent de méthodes engageantes pour attirer les clients : « Approchez-vous ici, madame, là, voyez donc, venez ! Voici ce qu’il vous faut ! ». On y trouve des nouveautés littéraires, y compris des œuvres interdites par la Sorbonne et le Parlement, vendues sous le manteau à prix d'or.
Le Parlement de Paris jouit d'une autorité considérable et d'un prestige immense. Décrit comme un « sénat » séculaire, il est un refuge contre la tyrannie et les excès de pouvoir, et sa juridiction s'étend sur une vaste partie du royaume. Composé de près de deux cents magistrats répartis en diverses Chambres (Grand Chambre, Chambres des enquêtes, Tournelle pour les affaires criminelles, Chambre de l'Édit pour les affaires des protestants), il comprend des présidents à mortier, des procureurs et avocats généraux.
La vénalité des offices est une pratique courante : les charges judiciaires, même les plus modestes, sont coûteuses et recherchées car elles représentent un moyen d'ascension sociale pour les fils de bourgeois enrichis. Ce système engendre les « épices », des cadeaux onéreux faits par les plaideurs aux juges, une forme de pots-de-vin acceptée par l'administration de la justice, bien que critiquée par les contemporains. Les avocats et procureurs sont également accusés de demander des honoraires exorbitants, s'enrichissant rapidement.
Les exécutions publiques sont un aspect brutal de la justice. Le bourreau, M. Jean Guillaume, procède à des pendaisons, strangulations ou rouages à vif (bris des membres avec une barre de fer). Les femmes sont brûlées vives, de même que certains criminels (comme celui qui égorgea sept enfants, brûlé « à petit feu »). Ces spectacles macabres sont l'objet de libelles populaires.
La Chambre des Comptes, également située au Palais, est chargée d'examiner et d'enregistrer les dépenses de l'État. Ses magistrats, redoutés par les comptables publics, sont néanmoins soupçonnés par le public de collusion avec ces derniers pour détourner des fonds.
Les chanoines, bien que soumis à des règles, ne vivent pas tous au cloître. Une coutume s'est répandue pour eux de louer leurs demeures à des particuliers, ce qui leur permet de vivre plus largement ailleurs. Cette pratique est une source de scandale et de plaintes, car les locataires séculiers organisent des bals, des comédies et des rassemblements bruyants qui perturbent la vie monastique et sont jugés dangereux pour les mœurs.
L'assistance aux offices religieux est une pratique sociale importante. Les chanoines reçoivent des jetons de présence, appelés méreaux, dont la valeur varie selon l'office. Les quêtes, particulièrement réussies, sont menées par de jeunes femmes du meilleur monde, choisies pour leur beauté afin d'attirer plus de dons. Ces quêteuses, bien coiffées, parées de diamants et accompagnées de laquais, évoluent avec grâce dans les églises, la quête étant un moment social où des déclarations amoureuses peuvent même être murmurées.
L'Université de Paris jouit de nombreux privilèges accordés par les rois, confirmés par Louis XIII : exemption d'impôts, de tailles, d'aides et de services de garde. Ses membres (recteur, docteurs, étudiants, officiers) sont jugés uniquement par le Châtelet. L'Université tire ses revenus des droits de grades et de quatorze bénéfices ecclésiastiques. Elle a son propre personnel, y compris des libraires, parcheminiers et des messagers jurés qui portent les lettres et l'argent aux familles des étudiants.
Un aspect marquant de la vie universitaire sous Louis XIII est le conflit acharné avec les Jésuites. Créés au XVIe siècle et souvent chassés d'Europe, les Jésuites ont été autorisés à s'installer au collège de Clermont en 1603. Leur succès immédiat, dû à une discipline sévère et des méthodes d'enseignement supérieures, a alarmé l'Université, qui y voyait une concurrence ruineuse. Malgré les oppositions et les décrets de l'Université interdisant aux élèves jésuites d'être reçus docteurs, le Roi intervient en faveur des Jésuites, déclarant leur collège uni au corps de l'Université. La « bataille » se déchaîne, marquée par des mémoires, des pamphlets, des invectives et des injures. L'Université accuse la Compagnie de Jésus de vouloir la « réduire en solitude » et publie un libelle provocateur intitulé « L'Université en chemise ! ». Les Jésuites sont dépeints comme ayant des ressources (personnel et argent) et une capacité à organiser des fêtes et des pièces de théâtre brillantes, que l'Université ne peut égaler.
La noblesse est présente à Paris, mais souvent de passage, suivant la cour qui réside peu dans la capitale sous Louis XIII, le Roi préférant la campagne ou étant engagé dans des guerres. Louis XIII a considérablement augmenté le nombre de ducs et pairs. Les nobles ont de somptueux hôtels, mais leurs intérêts sont souvent provinciaux.
La bourgeoisie est la classe dominante et en pleine ascension à Paris. Elle s'organise en quartiers, formant de petites villes au sein de la grande, où les familles de même rang se regroupent, se fréquentent et se lient par des mariages. Les hauts bourgeois, souvent d'origine modeste et enrichis dans les affaires, accèdent à la dignité par l'achat de charges de magistrats. Ils s'efforcent de marquer leur nouveau statut par leur tenue et leur langage, cherchant à se distinguer de ceux qu'ils considèrent comme inférieurs.
Les femmes jouent un rôle clé dans l'affirmation sociale, soignant particulièrement leur apparence pour les mariages, où la dot est le critère décisif. L'argent est le « grand régulateur de cette société », permettant l'ascension sociale jusqu'à la noblesse.
Le luxe est une préoccupation majeure. La mode des dorures (carrosses, appartements, vêtements, armes) se développe de manière démesurée sous la minorité de Louis XIII, entraînant une dilapidation et un exode de l'argent français. Le gouvernement tente d'y remédier par de nombreux édits somptuaires, interdisant l'or, l'argent, les broderies, et cherchant même à fixer la mode des vêtements. Ces édits sont souvent ignorés ou contournés.
La préciosité affecte le langage, avec une recherche de locutions plus décentes et distinguées, parfois au détriment de la clarté et du sens. Bien que certaines de ces expressions aient été moquées, d'autres sont passées dans le langage courant.
Les familles bourgeoises conservent des traditions patriarcales strictes, où le père exerce une autorité incontestée sur sa maisonnée.
Les commerçants et artisans se regroupent dans des confréries religieuses et se concentrent dans des rues spécialisées (horlogers, selliers, vitriers, rôtisseurs, orfèvres). La rue Saint-Jacques est connue pour ses libraires et imprimeurs, qui jouissent d'un grand prestige et sont considérés comme les plus importants commerçants de l'époque.
Les armuriers sont également des commerçants de prestige en raison des menaces constantes de guerres civiles et étrangères. Cependant, ils sont accusés de s'être enrichis honteusement lors de la fameuse alerte de 1636 (siège de Corbie), provoquant le ressentiment populaire.
La concurrence commerciale est vive, et les marchands sont réputés pour leur habileté à attirer les clients et à vendre leurs marchandises, parfois à des prix excessifs, par des flatteries et une insistance persistante.
L'ambition sociale touche également les marchands et artisans : « Il n’est petit boutiquier qui n’aspire à paraître un bourgeois à pignon sur rue ». Beaucoup envoient leurs enfants au Palais pour qu'ils deviennent magistrats et quittent le commerce. Ceux qui atteignent une certaine aisance font gérer leur boutique par des commis, cherchant à « vivre honorablement » et à fréquenter les lieux d'affaires et de savoir.
Le cimetière des Innocents est un lieu étonnant où les femmes sans emploi se réunissent pour échanger des astuces pour tromper leurs employeurs. C'est aussi là que se trouvent les « secrétaires des Innocents » ou écrivains publics, qui aident les cuisinières à falsifier leurs comptes de dépenses pour leurs patrons.
Les domestiques et laquais sont nombreux mais peu fiables, réputés pour commander à leurs maîtres. Bien que des règlements de police existent pour contrôler leurs déplacements et leur emploi, la réalité est souvent différente.
Paris est un immense déballage commercial, avec des quartiers spécialisés (orfèvrerie, quartier portugais pour les marchandises exotiques, merciers, lingères, oiseleurs). Les vendeurs viennent de toute l'Europe, et la ville est un centre pour les publications nouvelles.
Le sujet était vaste. Il fallait se borner. Laissant de côté ce qui concernait la Cour et le Louvre dont nous avons parlé ailleurs. Nous avons essayé de donner ici une idée un peu claire de ce qu'était Paris au temps de Louis XIII, le cadre de la ville, l'aspect de ses rues, l'existence des habitants.
Je voulais vous remercier, pour vos vidéos et vos ouvrages. Vous avez permis une très ferme réconciliation entre notre Histoire Française, notre Culture et moi même qui en été totalement désintéressé. Plus qu'une réconciliation d'ailleurs, l'Histoire (recadrée délestée de toute idéologie Républicaine) est devenue une passion. Soit...ce n'est pas le plus important. Vous avez surtout contribué à ma profonde conversion vers la véritable Foi chrétienne et Catholiques. Soyez bénie. Cordialement.
Votre fichier audio de Saint Louis est vraiment très intéressant et passionnant. Les faits sont bien relatés et c'est très plaisant à écouter
Grâce à vos publications je me suis forgé une culture et une maitrise de l'histoire que je n'aurais pas acquis avec l'éducation nationale.
Merci !
Mille mercis pour tout ce que vous faites, et lorsque le Lys reviendra en France, c’est-à-dire bientôt, vous pourrez être fier d’y avoir contribué
Et bien juste pour vous dire que vous faites un travail formidable, saint, j'ai même envie de dire. Je n'ai pour l'instant que deux livres de votre collection mais je compte bien en ajouter d'autres prochainement. Merci car je peux, grâce à vous, approfondir sérieusement mes connaissances avec des livres toutefois très accessibles.
Merci pour votre travail ! Il est précieux !
Merci pour tout, j'adore vos livres.
Merci pour ce travail magnifique qu'est de réhabiliter l'histoire de France
Je veux vous remercier particulièrement pour votre beau et admirable travail d'excellentes publications dont notre foyer bénéficie.
J'aimerais vous remercier, car grâce à vous, je redécouvre (et étudie) avec joie la beauté de l'Histoire de la France, la grandeur de la Fille Aînée de l'Église (qui je l'espère, retrouvera ses lettres de noblesse et sa Foi).
J'ai acheté plusieurs livres de Vox Gallia à la librairie Les Deux Cités à Nancy, et je n'ai pas regretté mes achats.
Continuez à faire de si beaux livres !
Je vous remercie pour votre travail et les ouvrages passionnants proposés
Merci pour votre travail de réédition, je viens de finir le péril cathare que j'ai beaucoup apprécié. Ces lectures me font découvrir à quel point nous avons une belle et grande histoire. Merci à vous.
Merci beaucoup pour votre travail. C'est toujours un plaisir de commander un livre de votre édition !
Des livres de qualité je recommande fortement pour les passionnés d'histoire de France
impeccable pour nos jeunes à qui l'éducation nationale supprime des pans entiers de notre histoire.
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