À l’automne 1269, après avoir manifesté son intérêt pour recevoir le baptême, l’émir de Tunis envoya des délégués au roi de France. Le 9 octobre, à Saint-Denis, Louis invita les hommes du souverain musulman à la cérémonie du baptême d’un juif et leur déclama :
Dites de ma part à votre seigneur le sultan de Tunis que je désire si ardemment le salut de son âme que je voudrais passer le reste de ma vie dans une prison sarrasine sans même voir la lumière du jour, pourvu que votre roi reçût, avec son peuple et en toute sincérité, le baptême.
Louis IX
Plus tard, il confiera à ses conseillers :
Ah Dieu ! Si seulement je pouvais être le parrain d’un si grand filleul.
Louis IX
Comment ne pas avoir le cœur enflammé face à une telle perspective ? Imaginez, la conversion d’un sultan ! La face du monde en eût été totalement bouleversée. Sa fougue avait redoublé en dépit de sa santé fragile. Comme un ultime acte d’amour, il était résolu à se sacrifier pour son peuple comme l’avait enduré, avant lui, le Seigneur Jésus-Christ. Sa faim spirituelle était si grande… Il se rendit à Saint-Denis, reçut le bâton de pèlerin ainsi que l’oriflamme et, après avoir fait ses adieux à son épouse Marguerite à Vincennes, prit la route vers Aigues-Mortes. Chaque étape était une occasion pour lui de faire un pèlerinage et de saluer son peuple qui l’avait tant aimé et qu’il avait tant aimé. Sur le chemin, l’émotion était intense comme nous le confie un proche du roi :
Il y eut là une grande piété, et beaucoup de larmes répandues, tant de la part des nobles que de la part des gens du peuple qui étaient là.
Un proche du roi
Son périple le fit passer par Melun, Sens, Auxerre, Vézelay, Lyon… Il n’avait pas oublié, sur la longue route qui le menait au port royal, de s’arrêter au monastère de Longchamp fondé par sa sœur Isabelle, seule fille de la fratrie qui consacra sa vie à Dieu. Elle avait quitté ce monde le 23 février 1270. Le 1er juillet 1270, avant de monter avec peine sur sa nef, la Montjoie, il fit appeler ses fils, Jean-Tristan, Philippe et Pierre.
Au nom du Christ, je renonce à tout, richesse et honneur, pour m’exposer à tout, corps et âme. Je vous emmène avec moi, vous, mes chers enfants, ainsi que votre soeur aînée, et j’aurais emmené mon quatrième fils s’il avait été plus avancé en âge.
Louis IX
Il fit également des recommandations à son fils Philippe, futur roi de France, et à sa fille aînée Isabelle. Les Enseignements qu’il leur laissait s’inscrivaient dans la continuation de la politique royale dans la plus pure tradition capétienne. Marguerite, qui avait eu un rôle majeur lors de la première traversée, ne fut pas du voyage, car ses relations avec son beau-frère, Charles d’Anjou, étaient exécrables. Louis, qui réservait un rôle important à son frère Charles, ne pouvait prendre le risque d’une discorde. Pour veiller sur le royaume en son absence, dans la digne lignée de son grand-père, il choisit un ecclésiastique, l’abbé de Saint-Denis Mathieu de Vendôme, et un laïc, Simon de Clermont, seigneur de Nesle. Tout était fin prêt. Au cours des mois de mai et de juin 1270, une grande armée fut rassemblée à Aigues-Mortes. Comtes, barons, chevaliers, hommes, femmes, tous aspiraient à la même chose : voir Jérusalem.
Et ils prirent la mer.
Il avait été décidé d’une première étape à Cagliari en Sardaigne. Ils durent affronter, chaque jour que Dieu faisait, une météo déplorable au point que les tempêtes manquèrent de faire dériver les lourds et imposants navires génois. Le lundi 7 juillet, deo gratias, Cagliari fut en vue. Quand ils mirent pied à terre ; les croisés purent constater la froideur avec laquelle ils furent accueillis ; cela venait sans doute du fait que les habitants de l’île n’avaient pas été prévenus de leur arrivée. Le sultan d’Égypte, quant à lui, avait été informé de l’arrivée des croisés. Le redoutable Baybars avait pris soin de défendre les côtes égyptiennes. Les habitants redoutaient également la mise à sac de la ville car, par le passé, des croisés avaient cru raisonnable de prendre d’assaut une ville chrétienne ; quand on proposa à Louis IX de s’emparer de la ville, il répondit de façon lapidaire :
Je ne suis pas parti de France pour combattre d’autres chrétiens.
Louis IX
Le vendredi 11 juillet, d’importants barons du royaume débarquèrent à Cagliari tels que Thibaut de Navarre, Alphonse de Poitiers ou encore le comte de Flandre puis, le dimanche 13 juillet, vint le tour du légat du pape, du comte de Bretagne et bien d’autres chevaliers. Tous les puissants seigneurs du royaume de France étaient là, autour du roi, sauf un : Charles d’Anjou, qui n’avait pas fait de la huitième croisade outre-mer une priorité. Le nouveau roi de Sicile avait des ambitions purement militaires, son esprit était occupé à planifier la reprise de Constantinople plutôt que d’échafauder une stratégie pour reprendre Jérusalem. Sa participation à la croisade fut simplement logistique. En juillet 1270, son armée s’apprêtait à passer l’Adriatique pour rejoindre la Grèce. Son absence allait peser sur la destinée de la huitième croisade.
L’absence de son frère se faisait sentir, certes, mais il était maintenant temps pour Louis IX de réunir son conseil de guerre et d’annoncer la destination choisie : Tunis. Pourquoi choisir une ville si peu hostile aux chrétiens et sans menace apparente pour l’Europe chrétienne ? Le futur roi Philippe III précisa la pensée de son père via une lettre circulaire diffusée après la mort de celui-ci :
Au port de Tunis, entrée de la terre d’Afrique, qu’il se proposait, si le Seigneur le lui permettait, de vouer au culte chrétien, une fois qu’aurait été chassé et éliminé l’immondice des peuples sarrasins et berbères.
Philippe III
Comment pouvait-il imaginer une pareille conversion ? Pour Louis IX, le combat des âmes était bien plus noble que celui des corps. Le vendredi 18 juillet 1270, la flotte croisée accosta sur les côtes tunisiennes. À peine eurent-ils posé un pied sur le sol, que Louis IX fit proclamer une déclaration solennelle dans laquelle il se présenta comme le serviteur de Jésus-Christ. Nul autre que lui ne pouvait mieux mobiliser ses hommes ! Une phrase de sa bouche les transformait en guerriers redoutables. Il leur fallait maintenant un endroit favorable où s’établir ; c’est ainsi que le choix se porta sur les ruines d’une forteresse de l’ancienne cité de Carthage, cité-État riche et puissante au passé glorieux.
Le jeudi 24 juillet 1270, Carthage, la « reine de toute la région d’Afrique », à la suite d’un combat meurtrier pour l’ennemi, tomba aux mains des croisés. Le calife envoya au roi de France deux messagers pour lui stipuler qu’il massacrerait tous les chrétiens en son pouvoir si Louis persistait à vouloir assiéger Tunis.
Ce à quoi répondit Louis IX :
Plus il sera fait de mal aux chrétiens, plus il en viendra.
Louis IX
Une semaine après avoir débarqué, les croisés se livrèrent à quelques combats qu’ils remportèrent sans trop de pertes. Et maintenant que pouvaient-ils faire ? Son frère était toujours absent, les conversions tant attendues du calife comme du peuple n’arrivaient pas, les croisés étaient paralysés. Le templier Amaury de la Roche qui avait été missionné par Louis IX pour prévenir son frère Charles d’Anjou de la destination choisie, rentra avec un message pour le roi :
Le roi de Sicile est sur le point d’arriver ; il ne faut rien tenter en son absence.
Amaury de la Roche
Sauf que Charles allait mettre des semaines avant d’arriver. À partir du mois d’août, la maladie s’immisça dans le camp croisé, de grands et nobles chevaliers, comtes et ducs allaient être emportés. L’hécatombe débuta le 3 août 1270 ; ce jour-là, Jean-Tristan, le fils du roi, mourut de la dysenterie. Lui qui était né lors de la première croisade, comble de l’ironie, succomba au cours de la dernière. Déjà mal en point, la nouvelle acheva Louis IX qui s’en remit alors à Dieu :
Notre Seigneur me l’a donné, et c’est lui aussi qui me l’a repris…et puisqu’il a agi comme bon lui semblait, que le nom de Notre Seigneur soit béni.
Louis IX
Les jours qui suivirent ne furent pas moins macabres : le comte de Nevers, le légat du pape, l’archevêque de Reims, le comte de Vendôme, le maréchal de France, le garde du sceau royal, etc., tous succombèrent à la maladie de l’ost. À partir du 24 août, jour de la Saint-Barthélemy, le roi perdit même la parole par intermittence. Sa santé s’aggravait inexorablement.
Seigneur, fais que pour ton amour nous méprisons les richesses de ce monde et que nous ne redoutions aucune adversité.
Louis IX
Louis IX priait sans relâche et récitait des psaumes ou des litanies face à la croix qu’il avait fait dresser sous sa tente. Le 25 août 1270, à Carthage près de Tunis, le soleil était brûlant. Le silence régnait dans la tente royale ; entouré d’une foule attristée, le saint roi agonisait. Allongé sur un lit de cendre, la maladie le rongeait, son corps était faible mais sa foi plus puissante que jamais.
Ô Jérusalem ! Ô Jérusalem ! Beau sire Dieu, ayez pitié de ce peuple qui demeure ici et donnez-lui votre paix. Qu’il ne tombe en la main de ses ennemis et qu’il ne soit pas contraint de renier votre saint Nom…Père, je remets mon âme entre vos mains.
Louis IX
Le Christ avait prononcé ces derniers mots à la même heure au Golgotha. Sa fin était toute proche. Afin de rester en la seule compagnie de Dieu, il exigea avec le peu de force qu’il lui restait :
Désormais que personne ne m’adresse plus la parole.
Louis IX
Puis, il confia au Seigneur :
Seigneur, c’est assez ; j’ai combattu jusqu’ici, j’ai travaillé jusqu’à présent à votre service de toutes mes forces, j’ai servi tant que j’ai pu votre peuple et votre royaume que Vous m’avez confiés ; maintenant en votre clémence, rappelez-moi à vous corporellement, je Vous prie, je Vous supplie ; soyez, Seigneur, Sanctificateur de leurs âmes et gardien de leurs corps, je les remets à Votre pitié.
Louis IX
Les bras croisés sur la poitrine, tenant la croix, il s’endormit dans le Seigneur. Dès lors, le jeune Philippe, héritier du trône de France, reçut le 27 août 1270 l’hommage des grands vassaux. Arrivé sur le rivage de Tunisie au dernier souffle de son frère, Charles d’Anjou prit alors le commandement de la huitième croisade puisque son neveu, le roi de France en devenir, était encore pris par la maladie. Une fois les affaires du royaume réglées, Philippe avait pris soin de confirmer les lieutenants du royaume désignés par son père, et régla la question liée à son éventuelle disparition.
Désormais, il fallait penser à la reprise des combats, il pouvait compter sur son oncle qui ne manquait pas de bravoure. Son plan était simple : frapper un grand coup avant d’entamer des négociations puis enfin quitter la région. Début octobre 1270, le roi de France Philippe III était rétabli, le 2 du même mois, il ordonna la mise en ordre de bataille de l’ost royale. L’oriflamme de Saint-Denis flottait, les arbalétriers et fantassins se mirent en position, les chevaliers étaient prêts à en découdre. Au premier coup de trompe, ils s’élancèrent avec fureur sur l’ennemi. Très vite, les Sarrasins préférèrent se réfugier dans une zone pleine de ruines. Le combat n’eut pas lieu. Les croisés rentrèrent au camp après avoir pillé les environs.
Ils devaient maintenant penser à négocier et partir au plus vite. L’hiver approchant, sera-t-il toujours possible de reprendre la mer vers la Sicile ? Le 30 octobre, les deux parties parvinrent à un accord : le traité conclu pour quinze ans visait au rétablissement de l’état antérieur. Les sujets du calife devaient recevoir protection quand ils se rendraient en contrées dominées par les chrétiens ; si un musulman était attaqué, les princes s’engageaient à compenser les pertes que celui-ci pourrait avoir subies. En retour, les sujets chrétiens qui séjourneront en terres musulmanes bénéficieront de la protection du « commandeur des croyants ». Les prêtres et les moines pourront célébrer le culte et prêcher publiquement. Les prisonniers faits par les deux parties seront libérés. Les rois chrétiens s’engageaient à quitter la Tunisie. Ils n’accueilleront pas chez eux les ennemis du calife. Le calife s’engageait à verser 520 000 livres tournois. Le 31 octobre, Geoffroy de Beaumont, chancelier de Sicile, proche conseiller de Charles d’Anjou, aura la responsabilité d’aller recueillir le serment du calife.
Le jeudi 20 novembre 1270, le futur roi de France Philippe III mit les voiles vers son royaume de France.
Comment Saint Louis est-il devenu la figure la plus admirée de l’histoire de France ? Il a été, au XIIIe siècle, le maître incontesté de toute la chrétienté. Son amour de la paix et de la justice en feront un souverain, déjà de son vivant, au prestige moral incontesté.
Je voulais vous remercier, pour vos vidéos et vos ouvrages. Vous avez permis une très ferme réconciliation entre notre Histoire Française, notre Culture et moi même qui en été totalement désintéressé. Plus qu'une réconciliation d'ailleurs, l'Histoire (recadrée délestée de toute idéologie Républicaine) est devenue une passion. Soit...ce n'est pas le plus important. Vous avez surtout contribué à ma profonde conversion vers la véritable Foi chrétienne et Catholiques. Soyez bénie. Cordialement.
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