Le péril protestant

Vous en avez vécu des mensonges et autres balivernes dans les salles de classe durant votre vie : la 2ème guerre mondiale, la 1ère, la guerre froide, le Moyen-Âge, la Renaissance…tout un florilège. Seulement il existe une baliverne dont on ne parle jamais : les massacres des catholiques par les protestants.

Eh oui dans l’esprit populaire ainsi que dans nos écoles, les Catholiques, maîtres omnipotents d’une France arriérée, fascistes nazis avant l’heure, persécutaient les pacifiques Protestants qui ne désiraient que vivre leur culte en paix et dans la tolérance. Des Protestants forcément plus proches de la réalité et de la vérité puisqu’ils agissent selon leur raison, face à des Catholiques illuminés. C’est contre ce résumé mensonger véhicule depuis des siècles que nous nous battons.

«LE LIVRE EST UNE ARME » est une chaîne de critique de livres méconnus que nous souhaitons dépoussiérer ou mettre en lumière.

Chaque chronique respectera le même plan :

• le superflu : très brève présentation de l'oeuvre
• l'essentiel : les idées principales de l'auteur
• au-delà du livre : ce que nous pouvons, en toute modestie, apporter au livre, les réflexions que le livre a suscitées chez nous.

Le protestantisme est une rupture majeure avec l'unité chrétienne.

Initiée au XVIᵉ siècle lors de la Réforme, et ayant profondément bouleversé l'ordre religieux, politique et social de l'Europe. Ce mouvement, marqué par la rébellion de Martin Luther contre l'autorité de l'Église catholique et l'ordre établi, est considéré comme une révolte non seulement contre l'Église mais aussi contre les fondements traditionnels de la société chrétienne médiévale, qui reposait sur une symbiose entre la monarchie de droit divin et l'Église.

Martin Luther, un moine augustin allemand, a en 1517 cloué ses 95 thèses à la porte de l’église de Wittenberg, dénonçant notamment la pratique des indulgences. Si l’intention initiale de Luther était de critiquer certains abus internes à l'Église, il a rapidement franchi une étape décisive en remettant en question l’autorité papale et l'enseignement de l'Église elle-même. D'un point de vue catholique, cela constitue une rupture avec la tradition apostolique, transmise par l'Église depuis les premiers siècles du christianisme. Luther a ainsi ouvert la voie à la dissolution de l'unité chrétienne qui prévalait en Europe depuis plus d’un millénaire.

L'impact de la Réforme ne s'est pas limité à des querelles théologiques. Elle a aussi sapé la structure politique européenne, fondée sur l'alliance entre l'Église et les monarchies chrétiennes, reconnues comme exerçant un pouvoir légitime en vertu du droit divin. Les monarques étaient considérés comme des représentants terrestres de l'ordre divin, et leur règne était sanctionné par l'Église. En se coupant de l'Église, les princes et rois qui ont embrassé le protestantisme, tels que les princes allemands ou le roi Henri VIII d'Angleterre, ont non seulement sapé l'autorité papale, mais ont aussi affaibli les fondements de la monarchie elle-même, ouvrant la voie à des mouvements républicains et révolutionnaires.

Le protestantisme, avec ses principes de "sola scriptura" (l'Écriture seule) et de "sola fide" (la foi seule), a également rompu avec la riche tradition catholique qui avait bâti une civilisation chrétienne au Moyen Âge. Du point de vue catholique, la centralité de la Bible, sans l’interprétation de l’Église et de ses docteurs, conduit à une fragmentation doctrinale et à un individualisme théologique. Cela a donné naissance à une multitude de courants protestants, incapables de maintenir l'unité doctrinale et sacramentelle qui caractérisait l'Église catholique. En rejetant l’autorité de l'Église et le rôle des sacrements dans le salut, le protestantisme a érodé l'idée d'une société chrétienne unifiée autour d'une foi commune.

Pour les monarchistes catholiques, la Réforme est souvent perçue comme un précurseur du déclin de l'ordre traditionnel en Europe, qui s'est accéléré avec la montée des idéologies rationalistes et révolutionnaires. En rejetant la hiérarchie ecclésiale et en s'attaquant à l'autorité monarchique, le protestantisme a contribué à la désacralisation du pouvoir temporel. La Réforme en Angleterre, par exemple, a permis à la Couronne de s’arroger une autorité ecclésiastique en créant l'anglicanisme, où le roi est devenu chef de l'Église d’Angleterre, rompant ainsi avec le modèle monarchique traditionnel où le pouvoir spirituel et temporel restaient distincts, sous l'autorité du pape.

Le rejet des sacrements catholiques, comme l'Eucharistie ou la confession, est une perte profonde de la dimension sacramentelle de la vie chrétienne. L'absence de la messe traditionnelle, véritable sommet de la vie spirituelle, et la diminution de l'importance de la Vierge Marie et des saints dans le culte protestant, ont conduit à un appauvrissement spirituel. Cela est un affaiblissement de la vision chrétienne de l’homme, de son lien avec Dieu, et du rôle de la grâce dans la société.

En résumé, le protestantisme représente une déviance majeure qui a non seulement fracturé l’unité de l'Église, mais aussi perturbé l’ordre politique et social de l'Europe chrétienne. Cette rupture a pavé la voie à la montée des révolutions, à la laïcisation de la société et à l’érosion progressive des monarchies chrétiennes, qui s’appuyaient sur une vision sacrée de leur pouvoir et une collaboration harmonieuse avec l'Église. Ce mouvement a ainsi inauguré un cycle de division, de fragmentation et d’individualisme, en opposition avec la vision traditionnelle d’une Chrétienté unie sous une foi, un roi et un pape.

Sixte Quint et Henri IV

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Le protestantisme fut une des plus violentes révolutions religieuses d’Europe, mais aussi sa première grande révolution politique. Rien n’a finalement pu empêcher la chute que le protestantisme avait amorcée et qui aboutit à la Révolution française. Car niant les droits de Dieu sur la société, écartant l’Église des affaires temporelles, rabaissant la puissance pontificale, brisant tout simplement le modèle du droit public chrétien, le protestantisme a bouleversé profondément la société.

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