Depuis le XVIᵉ siècle, et plus encore avec les penseurs des Lumières, on a assisté à l’élaboration d’un récit opposant un passé supposément obscur et religieux à l’ère éclairée de la raison, de la laïcité et de la modernité. Ce projet avait pour ambition de légitimer la rupture avec la monarchie, d’affirmer la prépondérance de la science, et de proposer un modèle de société nettement opposé à l’Ancien Régime. Or, si l’on s’en tient aux sources médiévales et aux études récentes, ce discours s’avère raccourci, biaisé et profondément erroné.
Le vocable « âge des ténèbres », forgé par Pétrarque au XIVᵉ siècle et repris à la Réforme puis par Voltaire et Gibbon, visait à promouvoir un schéma historique : Antiquité lumineuse → Moyen âge obscur → Renaissance et Lumières victorieux. Cette figure a pris corps dans la métaphore « lumière contre ténèbres » .
Pourtant, les institutions médiévales contestent ce schéma : les universités de Bologne, Paris ou Oxford, nées dès le XIᵉ siècle, sanctionnent l’existence d’un monde universitaire vivant. L’architecture solitaire du gothique, les travaux en sciences naturelles et les échanges internationaux témoignent d’un Moyen Âge loin d’être « stagnant » .
L’idée que les médiévaux croyaient la Terre plate est une affabulation issue du XIXᵉ siècle, utilisée pour opposer un christianisme obscurantiste à la modernité scientifique. En réalité, les savants médiévaux tels que Bède le Vénérable, Sacrobosco (De Sphaera, 1230) et Thomas d’Aquin reconnaissent explicitement la sphéricité de la Terre. À l’époque, personne ne la considérait donc comme plate.
Les polémistes des Temps modernes ont abusivement véhiculé l’idée que les scolastiques débattaient du nombre d’anges pouvant se poser sur la tête d’une épingle, insinuant une pensée creuse et détachée des réalités . Aucun texte médiéval crédible ne corrobore cette assertion : ce fut une anecdote satirique non représentative.
Le Moyen Âge serait sale et malodorant, tandis que l’hygiène moderne triompherait d’un passé répugnant. Ce poncif est selon les historiens un à-plat grossier : on y trouve l’usage de bains publics et privés, de savons, d’aquamaniles, ainsi que des conseils obsèques dans le Regimen sanitatis Salernitanum (XII–XIIIᵉ siècle). Le Roman de Flamenca (XIIIᵉ) mentionne même le lavage des mains avant et après les repas . Ainsi, le Moyen Âge était loin d’être un âge barbare d’insalubrité.
Les discours misérabilistes, sympathiques ou anticléricaux, ont diffusé l’idée selon laquelle les médiévaux se nourrissaient mal et vivaient dans la privation. À l’inverse, les repas médiévaux suivaient des règles sociales rigoureuses, avec repas hiérarchisés, lavés, produits variés (viande, légumes, épices, vins) — autant de signes d’une société culinaire organisée.
On a abondamment utilisé les invasions, les croisades et les rixes féodales pour peindre un Moyen Âge illégal et brutal. Pourtant, la réalité politique médiévale révèle un système ordonné : chevalerie, justice seigneuriale, coutumes écrites, traités, relations diplomatiques, accueil des marchands — tout cela dans un environnement encadré. Les Lumières avaient besoin d’un passé violent pour valoriser leur propre pacifique modernité, mais ce récit est incomplet et, souvent, erroné.
Les révolutions bourgeoises et les idéologues des Lumières attisaient la haine du « privilège », qualifiant la féodalité de tyrannie absolue. En vérité, elle reposait sur un équilibre de droit et devoir : devoirs fiscaux, obligations militaires, justice coutumière. Le seigneur n’était pas un despote, mais soumis à des règles, à des recours, à la réciprocité. Pierre Riché et d’autres historiens ont minutieusement déconstruit cette vision d’un Moyen Âge de servage systématique.
L’idée que la science serait née avec la Révolution scientifique ignore l’effervescence intellectuelle médiévale. Universités, traduction des textes d’Aristote, Roger Bacon, Grosseteste et saint Albert le Grand ont fondé un champ systématique d’expérimentation et d’observation — validant l’emploi de la raison comme outil de connaissance . Duhem, Thorndike et Grant démontrent que l’essor scientifique de la Renaissance reposait sur des fondations médiévales solides.
Le récit d’un Moyen Âge sans invention avant la Renaissance sert la vision d’un progrès soudain et non continu. Les instruments comme l’astrolabe, l’horloge mécanique, les lunettes, l’usage du papier, des techniques agricoles évoluées, et l’introduction des chiffres arabes comme outil de comptabilité attestent d’une grande inventivité médiévale.
On a longtemps opposé la monarchie barbare, appuyée sur un pouvoir absolutiste et un clergé tout-puissant, à une République laïque moderne. Mais l’analyse historique met en lumière un Moyen Âge où le roi est contraint : coutumes, vassaux, juridictions locales et Église tempèrent le pouvoir royal. Le système se rapproche davantage d’une monarchie contractuelle que d’une tyrannie.
Ces poncifs ne sont pas dûs au hasard : ils furent élaborés dans le cadre intellectuel d’un projet politique. La Révolution était une entreprise de démolition – de la monarchie, de la religion, des anciennes couches sociales – et elle avait besoin d’un passé fantasmé, obscur, violent et misérable. Les manuels scolaires du XIXᵉ siècle, sous l’influence de l’école républicaine, ont sillonné ces clichés, en les consolidant jusqu’à infiltrer la culture populaire (de Cosmos aux séries historiques), bien au-delà de toute vérification documentaire .
Face à ces légendes, les historiens contemporains s’accordent : le Moyen Âge était un moment de continuité, de complexité, d’innovation et d’intelligibilité. Il n’était ni obscur, ni primitif, ni uniforme, ni tyrannique. Au contraire, il a mis les bases de l’Europe scientifique, urbaine, juridique, artistique et sociale. Autant d’acquis qui ne sauraient provenir d’un âge barbare.
Adopter une perspective contre‑révolutionnaire, c’est reconnaître que l’historiographie des Lumières et de la Révolution est en grande partie un discours de construction, d’affrontement, de rejet. Cette vision façonne nos manuels, nos images, nos discours. Mais si l’on tient aux faits, aux textes, à l’archéologie, au corpus des institutions, il apparaît qu'il n'y a jamais eu de rupture entre un Moyen Âge obscur et une modernité lumineuse, mais plutôt un continuum d’idées, de structures et de pratiques, d’où ont pu émerger – quand l’environnement politique, social ou technologique s'y prêtait – la Renaissance, les États modernes, et la pensée scientifique.
Allons plutôt vers une vision historiographique lucide, critique, et respectueuse de la complexité médiévale. Car réhabiliter le Moyen Âge, ce n’est pas le transformer en modèle idéal, mais reconnaître qu’il est plutôt question d’un peuple, d’institutions, de savoirs, et d’un monde qui forment un socle continu – parfois trébuchant –, mais jamais une sombre parenthèse d’où tout serait à reconstruire.
En ce temps de réhabilitation historique, il y a une place à prendre au soleil et à se faire assez large, assez utile ; nous avons tenté de nous la faire, et nous jetons, aujourd'hui dans ce petit volume les modestes fondations de notre édifice d'apologétique.
Ce n'est pas au hasard que nous avons commencé cette série de recherches et d'exhumations par les études que l'on va lire : nous ayons cru devoir nous attaquer d'abord aux erreurs et aux mensonges historiques les plus malheureusement populaires
L’ère chrétienne comprend dix-neuf siècles. Sur ces dix-neuf siècles, le Moyen Âge féodal et monarchique en comprend dix, plus de la moitié. Qu’a été et qu’a produit cette période de tout un millénaire ? La question est controversée parce que l’Église, instituée par Jésus-Christ pour évangéliser le monde
Je voulais vous remercier, pour vos vidéos et vos ouvrages. Vous avez permis une très ferme réconciliation entre notre Histoire Française, notre Culture et moi même qui en été totalement désintéressé. Plus qu'une réconciliation d'ailleurs, l'Histoire (recadrée délestée de toute idéologie Républicaine) est devenue une passion. Soit...ce n'est pas le plus important. Vous avez surtout contribué à ma profonde conversion vers la véritable Foi chrétienne et Catholiques. Soyez bénie. Cordialement.
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