Le Carême, période liturgique centrale de l'année chrétienne, revêtait une importance particulière au Moyen Âge. Pour les populations rurales et urbaines, ce temps de quarante jours n’était pas seulement une préparation à la fête de Pâques mais également un moment d’introspection, de pénitence, de jeûne et de prière. Dans cette époque où la foi chrétienne imprégnait chaque aspect de la vie quotidienne, le Carême était un événement qui rythmait les mois, les saisons, les travaux des champs et les relations sociales.
Au Moyen Âge, la foi catholique n'était pas simplement un aspect de la vie spirituelle ; elle était le cœur même de la civilisation. La monarchie, en particulier dans ses formes les plus anciennes, entretenait une relation sacrée avec l’Église. Le roi, perçu comme le "Lieutenant du Christ", était un meneur spirituel autant que politique. Dans un tel contexte, chaque membre de la société, du paysan au seigneur, vivait dans l’ombre d’une foi omniprésente. Le Carême, de par sa nature pénitentielle, prenait donc une dimension exceptionnelle dans ce monde imprégné par les principes de la chrétienté.
Le Carême, qui commence le mercredi des Cendres, est avant tout un temps de préparation à la Résurrection du Christ. Pour les paysans, les artisans et même les nobles, ce moment était crucial, non seulement pour la purification de l'âme, mais aussi pour réparer les fautes envers Dieu et envers ses semblables. La vie quotidienne, dominée par la pratique religieuse, n'était pas seulement une manière de se rapprocher de Dieu, mais aussi de maintenir l'ordre social et moral.
La foi influençait toutes les décisions et interactions, même au sein du village. L’aspect religieux du Carême transformait la manière dont les gens travaillaient et interagissaient entre eux. Les paysans, par exemple, n’étaient pas seulement concernés par la production alimentaire nécessaire à leur subsistance. Ils comprenaient la récolte comme un don de Dieu et, de ce fait, la gestion de leur travail devait toujours s’accompagner de prières et de bénédictions. Pendant le Carême, le travail dans les champs prenait un aspect plus austère, étant donné que la pratique du jeûne et de l’abstinence limitait leurs forces. Cette période n’était pas seulement consacrée à des actes de pénitence personnelle, mais aussi à un renforcement de l’unité de la communauté.
Le Carême était une période de discipline rigoureuse. Le jeûne était l'une des pratiques les plus marquantes de cette époque. Les individus devaient se priver de nourriture en quantité et en qualité. En plus des privations alimentaires, la consommation d’alcool était interdite, ce qui avait un impact significatif sur les habitudes sociales de l’époque. Dans les villages, l’alcool, notamment la bière et le vin, était une boisson courante, même pour les enfants. Les tavernes fermaient leurs portes pendant cette période, les artisans prenaient un moment de répit, et le vin qui coulait habituellement à flots dans les fêtes était remplacé par de l’eau ou des tisanes simples.
Un exemple célèbre de cette période de privation se trouve dans la pratique des "viandes blanches". Les habitants de villages, même ceux les plus modestes, faisaient un sacrifice symbolique en s'abstenant de viande et de produits riches comme le lait et les œufs, tout en privilégiant le poisson et d’autres alternatives plus simples. Dans une société où la viande était un symbole de richesse, cette abstinence traduisait une humilité collective et une remise en question des plaisirs terrestres.
Un curé de village, dans ses prêches, exhortait ses fidèles : "La viande des délices doit être remplacée par le pain de l'humilité, et le vin de la fierté par l'eau de la sobriété." Ces paroles, communes dans les sermons de l’époque, rappelaient l’importance de cette période où l’âme devait se purifier en toute simplicité et sobriété.
Les prêtres jouaient un rôle central dans la vie du village, particulièrement pendant le Carême. Ils assuraient les messes, les prières de groupe et les confessions, offrant une direction spirituelle essentielle. Dans les villages, la Confession était un acte que beaucoup considéraient comme crucial avant de participer à la fête pascale. Le prêtre était donc une figure d'autorité, non seulement spirituelle, mais parfois morale et sociale.
Les monarques eux-mêmes participaient activement au Carême, souvent sous la forme de grandes cérémonies religieuses. En France, au Moyen Âge, les rois prenaient un soin particulier à honorer cette période. Le roi saint Louis, par exemple, était connu pour son dévouement et sa stricte observance des rites du Carême. À la cour, les festivités se réduisaient au minimum, et même les banquets royaux étaient affectés par les restrictions alimentaires. Les actions des souverains avaient un impact profond sur la population, qui voyait dans le modèle du roi une ligne de conduite à suivre. Le roi, en se conformant à la rigueur de cette période de pénitence, renforçait le lien entre l’Église et le royaume, et montrait par l'exemple comment le Carême s’étendait à toutes les couches de la société, même aux plus hauts rangs.
Le Carême influençait profondément les relations sociales. Loin des festins et des célébrations mondaines, ce temps était aussi un moment de solidarité et de partage. En effet, les villageois se soutenaient mutuellement dans la difficulté. Les échanges de vivres, comme le pain, le poisson et les légumes étaient fréquents, et le travail collectif était valorisé. Dans ce contexte, le Carême était une période où les relations humaines se solidifiaient autour de valeurs de renoncement et de soutien mutuel.
Les familles se réunissaient dans une atmosphère de recueillement. Les enfants, quant à eux, étaient éduqués dès leur plus jeune âge sur la signification du Carême. L’attention de leurs parents portait sur la manière dont leurs enfants vivaient cette période, souvent en leur expliquant les histoires bibliques liées au Carême et à la passion du Christ. Ces enseignements étaient cruciaux pour l’éducation morale des jeunes générations.
Les épreuves du Carême n’étaient pas seulement physiques. Les paysans et les villageois subissaient souvent des luttes quotidiennes liées à la famine, aux épidémies ou aux guerres. Le Carême devenait alors un temps où les adversités de la vie étaient portées devant Dieu dans un acte de foi. La pénitence s’accompagnait de prières pour la protection divine, demandant à Dieu de délivrer la population des épreuves terrestres. Les prières collectives étaient une forme de solidarité spirituelle, renforçant le lien communautaire.
Dans certaines régions, la coutume voulait que des processions aient lieu durant le Carême, portant des offrandes et des prières à travers le village. Ces moments de rassemblement étaient cruciaux pour la cohésion sociale et la solidarité entre les villageois. Les habitants se rappelaient mutuellement que, malgré les difficultés, la foi en Dieu et la communauté étaient les piliers qui soutenaient la vie.
Le Carême au Moyen Âge était une période où la foi chrétienne impactait tous les aspects de la vie quotidienne. Ce n’était pas seulement un temps de privation physique, mais une véritable préparation spirituelle, où les individus et la communauté se tournaient vers Dieu avec humilité et repentance. Le Carême n’était pas un simple moment d’attente, mais un acte de renouveau spirituel, un renforcement des liens sociaux, et une invitation à la pénitence collective. Cette période, guidée par l’exemple de figures royales et religieuses, allait au-delà des simples règles alimentaires : elle était un pilier de la vie chrétienne et monarchiste, et un point de convergence entre la foi et la réalité du monde médiéval. Les épreuves du Carême, vécues dans la simplicité et la dévotion, forgeaient une société unie par des valeurs profondes et indéfectibles.
« L’Église, société sans doute toujours visible, sera de plus en plus ramenée à des proportions simplement individuelles et domestiques. » Si cette phrase du cardinal Pie qui date de 1859 est fameuse, l’homélie qui l’a produite l’est beaucoup moins. Il convenait de la faire connaître.
Le jeûne, en tant que pratique spirituelle, occupe une place centrale dans la vie chrétienne médiévale. Il est perçu comme un acte purificateur permettant de se rapprocher de Dieu, d’expier les péchés et de se préparer à la rencontre divine. Le Christ lui-même est le modèle ultime, ayant jeûné quarante jours et quarante nuits dans le désert pour lutter contre les tentations du démon. Cette pratique religieuse se généralise tout au long du Moyen Âge, avec des périodes de jeûne institutionnalisées comme le Carême ou les jeûnes hebdomadaires du mercredi et du vendredi.
Le texte se concentre spécifiquement sur le jeûne dans le cadre des mystiques pèlerines du Moyen Âge. Ces femmes mystiques, telles que Sainte Brigitte de Suède, Dorothée de Montau, Margery Kempe et Angèle de Foligno, illustrent une forme particulière de piété où le jeûne devient un acte ascétique essentiel dans leur quête spirituelle. Ces femmes ne se contentent pas de jeûner de manière isolée ; elles associent leur jeûne à des pèlerinages qui marquent une forme d'ascèse extrême, l'objectif étant de revivre dans leur corps les souffrances du Christ.
Le jeûne a une longue histoire dans le christianisme, remontant aux premiers siècles avec des figures comme Siméon le Stylite, qui s’abstenait de nourriture pendant des périodes prolongées. Ce type de privation volontaire s’inscrit dans une tradition qui s’élargit avec le temps. Le Carême et d’autres jeûnes communautaires ont pour but de rassembler les croyants autour d’un même rite, les unissant dans la prière et l’abstinence. Le jeûne devient ainsi un marqueur de la foi chrétienne, un signe distinctif de l’appartenance à la communauté des croyants, dans un monde où la religion rythme chaque aspect de la vie quotidienne.
Pour les mystiques médiévales, le jeûne revêt une signification particulière. Il n’est pas seulement un acte d’abstinence mais un moyen d’atteindre la sainteté. La privation de nourriture permet à l'âme de se purifier et de se rapprocher de Dieu. Ces mystiques, particulièrement des femmes, trouvent dans le jeûne un moyen d’exprimer leur piété de manière visible et intense. Le Christ, dans ses souffrances, devient leur modèle, et le jeûne devient une façon de partager cette expérience de douleur et de sacrifice.
Un aspect particulier de cette période est la manière dont les femmes, en particulier, adoptent le jeûne comme une pratique spirituelle. Selon les analyses de la chercheuse Caroline Bynum, la question de la nourriture occupe une place importante dans la spiritualité des femmes médiévales.
Les mystiques pèlerines adoptent une relation ambigüe avec leur corps, qu’elles cherchent à contrôler et à purifier. Par exemple, Dorothée de Montau, qui se prive de nourriture au point d’en devenir malade, et Margery Kempe, qui jeûne lors de ses pèlerinages, montrent comment le jeûne s’accompagne de mortifications corporelles. Ces pratiques ascétiques sont perçues comme des moyens d’atteindre la sainteté et d’imiter le Christ souffrant. De manière paradoxale, cette négation de la chair est perçue comme un acte d’affirmation de la foi, un moyen d’établir une connexion directe avec Dieu.
Les mystiques pèlerines comme Angèle de Foligno, Sainte Brigitte de Suède et Dorothée de Montau ont non seulement pratiqué le jeûne mais l’ont intégré à une vie de pèlerinage, une démarche spirituelle qui renforce l’idée que le jeûne et la souffrance corporelle sont au cœur de leur expérience religieuse. En parcourant de longues distances à pied, souvent dans des conditions difficiles, elles associent leur souffrance physique à celle du Christ, à travers ce que l’on pourrait appeler l'“Imitatio Christi”.
Angèle de Foligno, par exemple, a jeûné pendant douze ans, ne se nourrissant que de pain et d’eau, un exemple frappant de la fusion entre ascèse et dévotion. De même, Margery Kempe, après avoir reçu une vision divine, entreprend des pèlerinages où elle pratique le jeûne et d’autres formes de mortification corporelle, marquant ainsi sa dévotion extrême à Dieu. Ces mystiques cherchent à revivre les souffrances du Christ dans leur propre chair, un objectif qui transcende la simple privation alimentaire pour devenir un moyen de purification spirituelle.
Le jeûne et d’autres pratiques ascétiques, comme le port du cilice ou l’usage de chaînes, sont perçus par ces femmes comme des actes de dévotion. Le corps, bien qu’abhorré et soumis à des souffrances, devient un moyen privilégié d’exprimer la foi. Ce processus de purification corporelle est à la fois un rejet du monde matériel et une volonté d’atteindre une plus grande proximité avec le divin. En renonçant à leurs besoins physiques, ces femmes cherchent à se rapprocher du Christ, à qui elles s'identifient dans sa souffrance.
Le jeûne, et par extension les pratiques ascétiques corporelles, devient ainsi un élément essentiel de la spiritualité féminine de la fin du Moyen Âge. Les mystiques pèlerines illustrent comment la souffrance corporelle est non seulement un moyen de purification, mais aussi un outil puissant pour les femmes pour affirmer leur place dans la piété chrétienne et exprimer leur foi de manière intense et corporelle.
Le jeûne à la fin du Moyen Âge, particulièrement chez les mystiques pèlerines, représente bien plus qu’une simple privation alimentaire. Il s’inscrit dans un ensemble de pratiques ascétiques qui visent à purifier le corps et à rapprocher l’âme de Dieu. Pour les femmes mystiques, cette pratique devient un moyen de s’affirmer dans un monde dominé par des normes patriarcales, où elles peuvent exercer un contrôle spirituel et corporel. Ainsi, le jeûne ne se limite pas à un acte de pénitence, mais devient un acte de transformation spirituelle et corporelle, un moyen pour ces femmes de se rapprocher de la divinité par la souffrance et la dévotion.
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